Silence
J'avais saisi au travers de ses mots la chair de son coeur,
Les viscères de sa vie,
J’avais décrypté dans ses lignes la véracité de ses états d’âme,
L’évidence de son devenir.
Il me semble parfois qu’il est parti
Celui qui se racontait dans la fougue et la fureur,
En crachant des mots
Comme pour dénicher une preuve
De la réalité de sa présence
Creusant dans les sillons de ses douleurs.
Celui qui, croyant mettre en avant sa laideur,
Ne faisait que s'enluminer de splendeur.
Celui face à qui j’avais le sentiment
De me relier à une luxuriante profondeur
De palper de mon âme la préciosité de son Or.
J’avais tant vibré de lui au dedans
Même sans pouvoir l'appréhender du dehors...
Il semble s’être dissimulé
Celui qui livrait son essence avec pudeur
Mais dans la vérité,
Peut-être ai-je trop vite cru pouvoir l’apprivoiser,
Ses cris demeurent si étouffés...
Le don sonne en lui comme une injure
Une irruption dans l'inconnu qui angoisse.
Et si le mutisme me fait parfois l’effet d’une mutilation,
D’un lien qui s’effiloche sèchement,
Je lui dois pourtant le respect de sa cadence,
L’accueil de ses refus,
La bienveillance de ses omissions,
Toujours perpétrés dans un silence
Qui ressemble pourtant à la mort,
A un mur qui ne sait même plus
Rendre hommage aux lamentations,
Un rempart épais et glacial,
Enigmatique et impénétrable
Qui bâtit les fondations de ma prison.
Si le silence est d'or,
Et me dore l’âme
Par le vide infini qui sert la création
En composant l'amour dans toute sa plénitude,
Il sait aussi qu’il m’endort et me ment,
Froissant amèrement mes plus nobles élans.