Cantilène
Je suis entrée dans un nouveau monde, où la réalité se cache derrière les apparences, dans de mystérieux sous-bois où, à contre-jour s’évitent les ombres, de peur de se croiser, de crainte de se chasser. J'y ai fendu un fragment de la sphère de l'immortalité où les hommes ont retiré leurs manteaux et délayé leurs apprêts dans l’espérance de combats moins acérés, revêtant l'âme de la grâce qu'ils avaient conquise il y a des millénaires, alors que le temps ne se comptait pas encore... D'un outrage, ils en ont fait un fidèle partisan.
Et remise, ma soif de fécondation encore inassouvie, entre les mains de l’invisible, je suis entrée en moi, indivisible, comme on pénètre doucement dans la vie, malgré l’érosion des passages, l’intransigeance des transitions, la dureté des turpitudes et l’étourdissement des vides et, laissant couler mes songes dans des instants suspendus et flottants, où l'oeil devenu épars n'est plus qu'un esprit émerveillé par l'essence des cieux, j'ai saisi...à défaut de comprendre.
Et puis j’ai relâché. Pour me permettre de mieux traverser...