Marionnette
Parce que le sentiment d’emprisonnement est tel, qu’elle se retourne incessamment dans son lit pour n’y voir que des bribes de papillons et de chaînes qui s’évaporent mais qui transpirent de présence, parce que la tête se mélange aux esprits qui l’entourent et elle ne sait plus ce qui la relie à elle-même, parce qu’elle est un enjeu entre des âmes bienveillantes mais aspirées de noirceur qui se veulent conquérantes, parce qu’elle veut rester lucide, alors elle s’accroche aux idées matérielles, aux notions concrètes et délaisse les nuées de connaissance qui l’élèvent tant mais qui la mettent en danger, elle s’étire dans la lenteur de la vie qui s’installe et ne sait vers qui se tourner, le vent change constamment de direction et c’est hagarde et essoufflée qu'elle se met à chercher son air...Respirer juste...un tout petit peu d'air pour mieux continuer, pour mieux engranger cette énergie pure dont elle a besoin pour rester collée à son évidence. Tirée par quatre fils et tiraillée de mille feux, elle doute. Elle doute du temps qui passe, des sentiers qui l'emmènent, des voix qui lui parlent et des mots qui lui sont chuchotés dans les recoins du coeur. Elle ne doute pourtant jamais d'elle parce qu'en levant les yeux, elle a lu la prière, chacun des mots qui la composent et les étoiles qui en parsèment les lignes. Tout ceci n'est pas une mascarade, juste une leçon de vie supplémentaire à accueillir au creux de ses mains comme on laisse couler l'eau des cascades sur son front pour que le flot rafraîchisse la candeur...Non, elle n'est pas une marionnette...